Le Bisphénol A (BPA) est une substance chimique utilisée dans la fabrication de certains plastiques et résines pouvant servir de récipients alimentaires. Mais on en retrouve également dans des papiers thermiques comme les tickets de caisse ou de carte bleue.

Or le bisphénol A présente des risques sur la santé humaine et l’environnement. C’est la raison pour laquelle la France l’a progressivement interdit. Je vous propose de faire le point sur cette substance controversée.

 

Le bisphénol A en synthèse

 

Le Bisphénol A (BPA) est un composé chimique obtenu par réaction entre du phénol et de l’acétone.

 

Bisphénol A

 

Cette substance chimique de synthèse est utilisée depuis plus de 50 ans dans de nombreuses applications industrielles: fabrication de plastiques (type polycarbonate), de résines epoxy ainsi que certains retardateurs de flamme et papiers thermiques.

On le retrouve fréquemment dans les contenants alimentaires:

– les contenants en plastique comme les biberons, les bouteilles, les films alimentaires… (en 2008 90% des biberons en France avaient du BPA dans leurs composants)

– les boites de conserves métalliques ainsi que les canettes de boissons sont recouverts d’un film protecteur pour que les aliments ne soient pas en contact avec le métal. Or ce film protecteur contient aussi du BPA.

Bisphénol A

– On peut également en trouver dans du petit électro-ménager en plastique comme par exemple les bouilloires électriques.

Malheureusement, comme nous l’avons déjà vu dans l’article sur les plastiques, sous l’effet de la chaleur ou en contact avec des matières grasses ou acides (attention aux conserves de tomates), le Bisphénol A peut migrer de la boite vers l’aliment.

Le passage par la peau est également possible. Cela concerne par exemple les caissières qui manipulent des tickets de caisse toute la journée.

 

BPA ticket de caisse

 

Risques du Bisphénol A pour la santé

Des études menées aux États-Unis, au Canada et en Allemagne montre que près de 95% de la population est contaminée. Cette contamination est objectivée par la présence de BPA dans leurs urines.

Plusieurs voies d’exposition sont possibles (alimentaire, cutanée, et aérienne) mais l’alimentation représente 80% de la contamination humaine.

 

Perturbateur endocrinien

Le bisphénol A est un perturbateur endocrinien qui mime l’effet des œstrogènes, hormones sexuelles féminines. Comme pour tous les perturbateurs endocriniens, les effets apparaissent à de faibles niveaux d’exposition. De plus les périodes d’exposition sont importantes. Certaines populations sont particulièrement à risque: nourrissons, jeunes enfants, femmes enceintes ou allaitantes.

Leurs effets sont nombreux, avec une toxicité particulière pour le fœtus et les nourrissons qui sont en plein développement. On note ainsi des malformations de l’appareil urogénital des petits garçons, des pubertés précoces, des troubles du neuro développement avec des baisses de QI et des troubles de l’apprentissage.

Le BPA est toxique pour la reproduction. Des études chez l’animal ont montré des effets sur la fertilité et le système reproducteur mâle et femelle. Ces études sont corroborées par des études chez l’être humain avec diminution du nombre d’ovocytes chez les femmes et diminution de la qualité du sperme chez les hommes.

Il est également impliqué dans des troubles métaboliques comme la survenue de diabète, d’obésité (en particulier chez les enfants et les adolescents), de maladies cardiovasculaires.

 

Risque de survenue de cancer

Comme le BPA est un perturbateur endocrinien, il pourrait être impliqué dans la survenue de cancers hormonodépendants comme le cancer de la prostate ou du sein.

Certains effets ont été démontrés ou sont suspectés chez l’animal. Mais les résultats chez l’animal ne peuvent être extrapolés directement à l’homme, compte tenu des différences entre les différentes espèces (Anses, 2011).

Pour le moment donc le risque de survenue de cancer hormonodépendant est suspecté par le mécanisme d’action et les études animales. Par contre aucune preuve n’existe chez l’homme.

 

Évolution de la réglementation

  •  Depuis 2002 le BPA fait l’objet d’un classement européen harmonisé comme toxique pour la reproduction (catégorie 2 suspecté)

 

  • La population la plus à risque étant les nourrissons, la France a commencé par suspendre la commercialisation  des biberons contenant du BPA en 2010. L’ensemble de l’Union Européenne a pris la même directive en 2011.

 

  • En 2012 la France propose un classement plus sévère du BPA comme toxique pour la reproduction en catégorie 1B (présumé) et même de discuter un classement en 1A (toxique avéré pour la reproduction).

 

  • En Décembre 2012, La France interdit l’utilisation de Bisphénol A dans l’ensemble des contenants ou objets destinés à être portés à la bouche  pour les enfants de moins de 3 ans (vaisselle, tétines, sucettes, anneaux de dentition…). L’Union européenne harmonise ensuite cette interdiction au niveau de toute l’Europe.

 

  • En Mars 2014 l’agence européenne des substances chimiques émet un avis favorable au classement du BPA en toxique pour la reproduction 1B.

 

  • En 2015 : Interdiction du BPA dans l’ensemble des contenants alimentaires en France. Cependant une étude réalisée en 2016 montre que 3 conserves sur 4 contiennent encore du BPA.

 

Et aujourd’hui?

 

L’agence européenne des produits chimiques a accepté en juin 2017 le classement du BPA en substance extrêmement préoccupante. Il s’agissait une fois encore d’une proposition de la France.

En février 2018, l’Europe renforce les restrictions d’utilisation du BPA dans les contenants alimentaires. Il est toujours possible d’utiliser du BPA dans les conserves européennes mais à des taux plus faible.

Mais par quoi est remplacé le BPA dans les contenants alimentaires? Principalement par les petits frères du BPA qui sont le bisphénol F ou S. Or ces bisphénols sont également des perturbateurs endocriniens avec un effet œstrogénique. Les données chez l’animal montrent la même toxicité que pour le BPA. Mais il n’y a actuellement aucune données chez l’homme et donc aucune restriction…

Dans le doute je ne consomme pas de boites de conserve métallique, de canettes de boisson et j’évite tous les contenant en polycarbonate (plastique N°7 ).

Bibliographie

Calafat A.M., Kuklenyik Z., Reidy J.A. et al.Urinary concentrations of bisphenol A and 4-nonylphenol in a human reference populationEnviron. Health Perspect., 2005 ; 113 : 391-5.

Becker K., Göen T., Seiwert M., Conrad A., Pick-Fuß H., Müller J., Wittassek M., Schulz C., Kolossa-Gehring M.(2009). GerES IV: Phthalate metabolites and bisphenol A in urine of German childrenInt. J. Hyg. Environ. Health 212: 685–692.

Anses : Evaluation des dangers de composés de la famille des bisphénols

Ministère de la transition écologique et solidaire : Le Bisphénol A