Les nanoparticules (NP) sont de plus en plus présentes dans nos maisons, jusque dans nos assiettes. Mais savez-vous ce que sont ces nanoparticules, où elles se cachent, et le risque qu’elles représentent pour notre santé?

 

Définition des nanoparticules

 

Les nanoparticules sont des particules dont les dimensions sont comprises entre 1 et 100 nanomètres (nm). La limite de 100 nm a été fixée arbitrairement. Pourquoi ne pas appeler aussi nanoparticules celles qui feraient 200 ou 300 nm?

Pour rappel, 1 nanomètre = 0,000001 mm. Ces particules sont donc extrêmement petites.

Pour faire des comparaisons de grandeur 1 nm c’est 30000 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu, 100 fois plus petit que la molécule d’ADN.

Il existe des nanoparticules réalisées à partir d’éléments chimiques comme les métaux (dioxyde de titane, aluminium, argent…) mais aussi à partir d’éléments biologiques comme les lipides, les acides nucléiques…

 

Utilisation dans l’industrie

 

Les NP ont, du fait de leur très petite taille, des propriétés totalement différentes  du métal d’origine.

Par exemple sous la forme nano, l’argent est un anti bactérien, le dioxyde de titane un agent blanchissant, le silicium un anti agglomérant et les nanotubes de carbone conduisent l’électricité et ont une très bonne résistance mécanique.

 

L’industrie alimentaire

 

Les nanoparticules peuvent être présentes dans les recettes, sous forme d’additif alimentaire, ou dans les contenants (boites en plastique, boites de conserve…).

Les NP de dioxyde de silice sont utilisées pour fixer l’humidité et empêcher l’agglomération. On peut en trouver dans le sucre, le sel, les épices, le cacao du petit déjeuner (E550/E551)

Le dioxyde de titane est un agent blanchissant, il améliore également la brillance des bonbons ou des pâtisseries (E171).

D’autres NP allongent la durée de conservation, améliorent la texture, sont utilisés comme colorant.

Voici quelques additifs alimentaires contenant des nanoparticules : E172 oxyde de fer, E170 carbonate de calcium, E174 argent, E175 or, E530 oxyde de magnésium.

A noter : les labels bio n’interdisent pas les nanoparticules

– les contenants alimentaires comme les plastiques peuvent également contenir des NP. Elles améliorent par exemple la transparence et la résistance à l’usure notamment dans les plastiques.

 

Les cosmétiques

2 nanoparticules sont présentes dans les cosmétiques : le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc.

On les retrouve par exemple dans les produits solaires où elles servent de filtre UV. Elles ont alors l’avantage de rendre la crème transparente et éviter « l’effet blanc » de certaines anciennes crèmes solaires.

 

Mais elles sont également présentes dans les dentifrices, les gels douche, les crèmes hydratantes, les déodorants, teintures capillaires…

Comme dans l’alimentaire les labels bio n’interdisent pas l’utilisation des NP.

 

Dioxyde de titane

 

L’industrie textile

Elles sont alors surtout utilisées comme agent antibactérien et anti odeur, mais aussi comme colorant, traitement anti tache…

 

Les médicaments

 

Et non, ce n’est pas une erreur de frappe. Les nanoparticules sont également présentes dans les médicaments. Généralement c’est le E171 qui est retrouvé, il sert alors de colorant blanc. Plus de 4000 médicaments contiennent le colorant E171 (pas forcément sous forme nano).

 

Risque pour la santé

 

Cette technologie étant assez récente, les données sur la toxicité humaine ne sont pas très nombreuses. En effet les durées d’exposition sont encore trop courtes pour que l’on puisse en tirer des conclusions certaines.

Cependant le profil de ces molécules commence à inquiéter, à tel point que les nanoparticules apparaissent dans la stratégie nationale de santé 2018-2022 comme étant un risque émergent.

Les nanoparticules peuvent être ingérées (quand elle sont présentes dans l’alimentation), inhalées (spray de crème solaires, peinture en aérosols…) ou pénétrer par voie cutanée. Une fois dans le corps, elles peuvent migrer  grâce à leur petite taille et franchir différentes barrières protectrices (placentaire qui protège le fœtus des femmes enceintes, hémato-encéphalique qui protège le cerveau…). Elles arrivent également à rentrer dans les cellules où elles peuvent s’accumuler. Une étude parue en avril 2018 montre la présence de nanoparticules de dioxyde de titanium dans le foie et la rate d’humains. La moitié d’entre eux avaient des taux supérieurs à la dose considérée comme sûre pour le foie.

Les nanoparticules de dioxyde de titane et les nanotubes de carbone ont été classés 2B, cancérogène possible, dans la classification du CIRC (rappel sur cette classification ici). Le risque concerne essentiellement la voie inhalée, et digestive.

D’autres effets ont été mis en évidence sur des cellules en tube à essais ou sur des animaux. Les données chez l’homme n’existent pas pour confirmer ce risque qui est alors suspecté : toxicité au niveau du coeur, du foie, de la rate, des reins, du cerveau (inflammation, accélération des maladies neurodégénératives), altération de l’ADN cellulaire, augmentation de l’apoptose (suicide cellulaire), interactions avec le système immunitaire, altération de la flore intestinale (microbiome)…

 

Règlementation

 

Que dit la loi?

 

L’étiquetage clair de la présence de nanoparticules est obligatoire pour 3 catégories de produits

  • l’alimentaire, depuis décembre 2014, en mettant nano entre crochet avant le nom de l’ingrédient
  • les cosmétiques, depuis juillet 2013, en mettant nano entre crochet après le nom de l’ingrédient
  • les biocides (par exemple les agents anti bactérien contenus dans les textiles)depuis septembre 2013. L’emballage doit indiquer nano entre parenthèse après le nom de l’ingrédient ainsi qu’une mention des risques encourus.

Pour tout le reste il n’existe aucune obligation.

 

Mais dans les faits…

 

Plusieurs études montrent que les industriels ne suivent pas cette obligation. En juin 2016 et janvier 2017 l’association Agir pour l’environnement a réalisé des tests. Ces tests ont mis en évidence la présence de nanoparticules dans des produits non étiquetés.  De la même façon,  en Aout 2017 60 Millions de consommateurs a testé 18 produits sucrés. Tous contenaient du dioxyde de titanium sous forme de nanoparticules et aucune étiquette ne le précisait. Depuis novembre 2017 la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes procède également à des analyses. 87% des cosmétiques testés et 39% des produits alimentaires contenaient des nanoparticules, 1 seul l’indiquait.

En janvier 2018, L’UFC que choisir a porté plainte contre 9 industriels pris en flagrant délit de non respect des règles d’étiquetage.

Évidement à chaque fois qu’une étiquette indique E171, il ne s’agit pas forcément de nanoparticules.  Par contre les défauts d’étiquetage sont quasi systématiques. S’il s’agit de nanoparticules ce n’est pas indiqué. Pour les consommateurs il est donc impossible de faire un choix véritablement éclairé. A titre personnel j’ai donc décidé de ne pas acheter de produits contenant du dioxyde de titanium dans les cosmétiques ou du E171 dans l’alimentation.

 

Et demain

Le problème pour le E171 ne se posera bientôt plus. L’assemblée nationale et le sénat ont voté la suspension de son utilisation dans l’alimentation au 1er janvier 2020. Que ce soit sous forme nano, ou pas.

C’est un bon début, mais il reste beaucoup à faire. Comme on l’a vu plus haut le E171 n’est pas présent que dans l’alimentation. Même si les quantités ingérées sont moindre, il se retrouve par exemple dans les médicaments où il n’existe aucune obligation d’étiquetage et où surtout l’usager n’a pas le choix de l’utiliser ou pas.

De plus le dioxyde de titanium n’est que la partie émergée de l’iceberg.