Saviez-vous que l’air intérieur de certains bâtiments est plus pollué que l’air extérieur? Or nous passons plus de 80% de notre temps dans des espaces clos, que ce soit la maison, le travail, l’école ou la crèche pour nos enfants. Quels sont les polluants responsables? Quelles conséquences pour notre santé?  Et surtout comment améliorer la qualité de l’air intérieur?

 

Pourquoi l’air intérieur peut-il être de mauvaise qualité?

 

Le confinement

Nous faisons tous attention à la performance thermique de nos maisons. En effet, pour économiser notre énergie, et donc notre argent, nous isolons beaucoup plus, que ce soit en construction neuve ou en rénovation.

Et si cela a un sens écologique certain, il y a aussi un inconvénient. Nos intérieurs sont confinés, finis les petits courants d’air de fenêtres mal isolées. Si une substance toxique se trouve dans votre maison, elle va y rester longtemps si vous n’aérez pas.

 

Les polluants impliqués

Les Composés Organiques Volatiles (COV) : Ils constituent une famille de composés dont la caractéristique est de se transformer facilement en gaz dans des conditions de température et de pression correspondant à celles de votre maison. Cette famille contient une multitude de substances, comme par exemple le formaldéhyde, le benzène, le toluène…

Certains COV sont totalement sans effets sur la santé humaine, d’autres sont des irritants ou provoquent des allergies. Les plus dangereux comme par exemple le formaldéhyde et le benzène, sont classés cancérogènes certains dans la classification du CIRC (article ici). Le toluène est reprotoxique (« Substance préoccupante pour l’homme en raison d’effets toxiques possibles sur le développement, risque possible pendant la grossesse d’effet néfaste pour l’enfant »).

Le formaldéhyde est le polluant le plus préoccupant. Il est cependant retrouvé dans de nombreux produits. Dans des  analyses d’air intérieur effectuées par Que Choisir en 2010, 100 % des locaux en contenaient, dont 78 % à plus de 10 µg/m3, une teneur inquiétante pour un composé aussi nocif.

Les composés organiques semis volatiles :Pour se mettre sous forme de gaz, ils nécessitent des conditions différentes, comme par exemple une température plus élevée que pour les COV. Ils ne restent donc pas longtemps sous forment de gaz et tombent au sol lorsqu’ils repassent sous forme solide. On les retrouvent donc fréquemment dans les poussières. Les phtalates des plastiques en PVC font partie de cette famille (article sur les plastiques ici). Certains de ces phtalates ont une activité de perturbateurs endocriniens, toxiques pour la reproduction humaine (CMR catégorie 1B).

Les agents biologiques : Cette catégorie regroupe les acariens, les allergènes d’animaux domestiques, les moisissures.

Lorsqu’une pièce est humide (salle de bain après une douche, linge qui sèche, lorsque l’eau bout dans la cuisine), et que les murs sont froids, il se crée une condensation, et progressivement des moisissures. Ces moisissures émettent des spores que l’on respire. Ces spores peuvent être allergisantes, responsables d’irritation des muqueuses, d’urticaire, d’asthme ou toxiques.

 

Les sources de pollution de l’air intérieur

 

Utilisation de désodorisants d’intérieur, bougies parfumées, encens…

Tous ces produits émettent tous des composés organiques volatiles, comme le formaldéhyde et le benzène en quantités variables. Ils ont donc tous une certaine toxicité.

Certains bâtons d’encens émettent des quantités importantes de benzène et de formaldéhyde, ainsi que des phtalates. Ils semblent être plus dangereux que les bougies parfumées du fait d’une combustion partielle alors que les bougies auraient une combustion complète. On retrouve également du toluène et du styrène. Le styrène quand à lui est classé 2B, cancérogène possible.

Étude du Bureau Européen des Unions de Consommateurs sur 74 produits du marché européen, 2005:

Encens

Benzène (3-221 µg/m3)Formaldéhyde (2-69 µg/m3)

Styrène (1-78 µg/m3)

Toluène (3-33µg/m3)

Bougies parfumées
Benzène (3 μg/m3–1 seule bougie sur les 16 testées)
Formaldéhyde (1–13 μg/m3)
Styrène (1-112 μg/m3)
Toluène (3–15 μg/m3)

 

Du coté des désodorisants ce n’est pas mieux. Une étude d’une association américaine a mis en évidence 89 substances chimiques dans un désodorisant Febreze dont des substances cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction.

 

Voici un résumé en image du site Consoglobe

 

qualité de l'air intérieur

 

Utilisation de produits ménagers

Nous avons déjà évoqué ce sujet. Les produits ménagers contiennent des substances toxiques, dont les fameux Composés Organiques Volatiles. C’est ainsi qu’une étude publiée début 2018, a montré que faire le ménage peut avoir le même effet sur la fonction pulmonaire que le tabagisme.

Les produits ménagers qui émettent le plus de formaldéhyde sont les produits en aérosols, comme par exemple les dépoussiérants.

 

Décoration, meubles et travaux

Les meubles, objets de décoration, moquette, matériaux de bricolage (peinture, colles…) émettent eux aussi des Composés Organiques Volatiles, surtout lorsqu’ils sont neufs, ou lorsque les travaux viennent d’être réalisés.

 

Cuisine, gaz de combustion

Cuisiner peut entrainer la production de vapeur d’eau, de particules fines ou de gaz liés à la combustion de graisses animales ou végétales.

D’autres activités humaines contribuent également à la pollution de l’air intérieur comme le tabagisme, le chauffage des bâtiments, l’utilisation de substances insecticides. Les maisons dont le garage est attenant aux pièces de vie peuvent également être contaminées par les gaz d’échappement.

Vous trouverez ici la liste des principaux polluants proposée par l’observatoire de la qualité de l’air intérieur.

 

Les bons gestes

 

Aérer, aérer et enfin aérer

Il est important d’aérer toutes les pièces de la maison au moins 10 minutes par jour. Vous pouvez le faire le matin avant le pic de pollution lié aux gaz d’échappement.

Il faut également aérer pendant et après les activités à risque comme faire le ménage, la cuisine, prendre sa douche, sécher le linge…

 

Attention aux produits ménagers

Lisez attentivement les étiquettes lors de vos achats et essayez de privilégier les produits sans pictogrammes de sécurité ou consignes confirmant les risques d’utilisation. Si vous les achetez quand même respectez les consignes et aérez. Ne mélangez pas les produits entre eux.

Limitez le nombre de ces produits et respectez les précautions d’emploi comme par exemple rincer. Pour faire la poussière on n’a pas besoin de dépoussiérants. Un chiffon humide suffit.

Évitez les désodorisants d’intérieur. Ils sont parmi les produits ménagers qui polluent le plus. Si vous ne pouvez vraiment pas vous passer de faire bruler de l’encens, faites le en quantités raisonnables et surtout aérez largement après.

 

Contre les acariens

Les acariens aiment la chaleur et l’humidité. Autant ne pas leur faciliter la tache… En hiver évitez de trop chauffer votre chambre, 18 degrés suffisent. Aérez votre chambre tous les matins avant de faire votre lit afin d’évacuer l’humidité de la nuit.

Aspirez régulièrement le matelas, lavez la couette et les oreillers. Si vous avez un nettoyeur vapeur n’hésitez pas à le passer de temps en temps sur votre matelas.

 

Divers

Faites entretenir régulièrement vos appareils de chauffage, chauffe-eau…

Ne fumez pas à l’intérieur

Brossez régulièrement vos animaux (de préférence à l’extérieur)

 

Sources :
Observatoire pour la qualité de l’air intérieur :http://www.oqai.fr/ModernHomePage.aspx

Rapport Inéris : Rapport préliminaire en vue de l’étiquetage des produits de grande consommation. Classement en fonction des expositions dans l’air intérieur